Les sonnets oubliés
A la nuit qui ferme la porte
D'un conscient abandonné
Je creuse mon tombeau
Pour n'avoir jamais à oublier
Les regrets que je n'ai exprimés
Pour ne pas tuer mon humilité
Et demain la pluie de mes souhaits
Rafraichira une terre attristée
De me voir là, âme désolée
Quand ma plume m'aura égaré
Je n'ai trouvé Prince là haut
Qui baptise votre nom du sceau
De la reconnaissance aisée
Pour protéger œuvre sensée
Qui offrent plaisirs ourlés
A cette bonne gente intéressée
Qui n'a pour référence arrêtée
Que les titres et les prix récoltés
Qu'une bourgeoisie cultivent innée
Dans le luxe du sacre avéré
Pour reconnaitre véracité
D'une ouvre qui tant bien même
De son vu, son su soit nul ou surfait
Fut-il que dans l'oubli perlé
Mes écrits comme mon moi lassé
Retrouveront ce néant d'éternité
Pour oublier tous leurs maux de mots
Dans un paradis où se couche repos
A chaque saison de mes doux vers
Passion m'aura été d'autant fredonnée
Pour m'offrir miroir de ma pensée
Cette sage image, là déposée
Dans la main du temps qui attend
Mais que fait-elle? Là oubliée
Pourquoi tous ces sonnets
Qui auraient voulu parader
Pour donner sens à une vie modeste
Dans l'éphémère d'un passage discret
Quand offrir à ces esprits méprisés
Par la folie d'un monde dépassé
Qui recherche instants d'intensité
Pour leur moral relever
fut gage passionné pour ma pensée
Et ce malgré, mes humbles sonnets
Dans l'espace temporel sont restés
Muets dans le grenier de l'ignorance
La voix brisée par un voile d' arbitraire
Morts alors restent -ils désabusés
Inefficaces, chimériques, refoulés
Dans un amer tiroir, au secret emmuré
Dans le fond d'une nuit sans radeau
Pour les sauver de leur destinée
Celle du naufrage de la folle absence
☼ŦC